Reprenons le pouvoir!

(Ceci n’est pas un manifeste anarchiste)

Puisqu’à l’heure actuelle, tout nous contraint et que nous voilà tour à tour captifs, infantilisés et privés de nos libertés, attardons-nous un instant sur cette question du pouvoir qui est le nôtre ou plus précisément sur ce qu’il en reste…

Par nature (ou plutôt devrais-je dire par culture), la société nous soumet à un ensemble de paramètres qui nous formatent et tendent quelque part à nous « endormir » en nous destituant d’une part de notre libre-arbitre. Sans verser dans les thèses complotistes, admettons au contraire que l’Homme moderne s’y est accoutumé au point d’accepter de lui-même ce pacte qui, en même temps, lui assure sa place au sein de la communauté (en effet, l’opinion publique dira qu’il vaut mieux être un mouton que le loup quand on voit le sort réservé aux lanceurs d’alerte…).

Nous voilà donc assujettis sans nous en rendre compte à des lois tacites (en plus des lois officielles) qui visent à nous expliquer comment consommer, comment gérer notre temps, notre argent, comment nous comporter, nous vêtir, etc… Sans parler de toutes les choses qui pompent notre énergie au quotidien nous privant de ce qu’il nous reste de pouvoir sans que l’on s’en offusque (les médias, les réseaux sociaux, les heures passées sur Netflix, le travail, l’alcool ou autres addictions et tout ce à quoi nous avons recours pour « nous distraire », j’y reviendrai lors d’un prochain article).

Mais tandis que le monde vacille, secoué dans ses fondations, nous voilà privés de nos libertés de manière littérale et physique, restreints dans nos mouvements – parce qu’il semble que ce soit là le seul moyen de contrôler les masses- et alors là, nous commençons à prendre la mesure de cette vérité qui dérange, bien décidés à reprendre la main sur ce qui nous revient… Alors, tant qu’à faire, mettons cet élan à profit.

En cette période de restrictions intensives et d’assignations à résidence successives, essayons de porter un regard plus éclairé sur les choses qui restent à notre portée et en lesquelles réside notre vrai pouvoir :

LE TRAVAIL SUR SOI:

La première chose que j’ai à dire est sans doute la dernière chose que vous voulez entendre, tout de suite, là maintenant. Pourtant, il n’y a pas de secrets… Si je n’ai pas une vision dystopique du futur, bien au contraire, il semble tout de même que nous traversions une zone de turbulence, passage obligé vers le monde de demain. Dans ce contexte, nous allons être plus que jamais exhortés à devenir les meilleures versions de nous-mêmes car face aux tempêtes, mieux vaut avoir de bonnes fondations… Selon que nous soyons de ceux qui s’écoutent ou de ceux qui s’oublient, nous serons mis à l’épreuve différemment. Je ne sais pas si vous l’avez remarqué mais la vie nous sert très précisément ce qui doit nous amener à « faire le travail » et elle a même trouvé une nouvelle manière de nous remettre face à nous-mêmes quand nous cherchions si fortement à nous éviter. À l’extérieur, tout nous contraint ? Tant mieux, parce que c’est à l’intérieur que ça se passe. Désormais, ne nous en déplaise, tout ce que l’on aura tendance à cacher sous le tapis ressortira par le robinet… Il va donc falloir se lancer dans de sérieux travaux de réparation.

D’où l’importance de faire les choses

… EN CONSCIENCE :

Faire un travail sur soi, ça ne veut pas forcément dire se lancer dans une psychanalyse sur les vingt prochaines années, ça passe d’abord par le fait de modifier la façon d’être présents à nous-même, de nous écouter… Avant même d’envisager tout chambouler, commençons par nous reconnecter à nous-mêmes, par faire face à nos états intérieurs et par accepter ce qui nous traverse.

Je vous renvoie à la série d’articles que j’avais écrite lors du premier confinement (voir en bas de page) mais c’est plus qu’OK en ce moment, d’être anxieux, fatigué, irrité ; ce qui l’est moins, c’est soit de se laisser submerger par ces émotions au point de ne plus pouvoir fonctionner (auquel cas, il faut solliciter de l’aide), soit de diluer cet inconfort dans une quelconque addiction (c’est d’ailleurs là leur fonction que de nous détourner d’un état émotionnel inconfortable).

Voilà pourquoi il est si important de mettre

DE L’ORDRE FACE AU DÉSORDRE:

Travailler sur soi, c’est aussi et surtout se soumettre à un peu de discipline. Face au chaos ambiant et aux secousses, il y a une vertu sécurisante au fait de se plier à une certaine routine, se fixer un cadre soi-même pour s’encourager à faire les choses nécessaires à son bien-être. Mais alors, ça veut dire rajouter un cadre dans le cadre ? Encore plus de restrictions ?! Ça veut surtout dire apprendre à trouver du plaisir dans le contrôle car c’est là que réside notre vrai pouvoir. En chaque instant, on a un pouvoir immense qui est celui de décider… soit de nous morfondre, nous laisser aller, soit d’honorer notre être authentique, nos valeurs, nos aspirations, de se choisir en somme en nous faisant passer en priorité avant toutes les choses qui nous envahissent avec notre consentement. Demandez-vous face à tous les choix cornéliens du quotidien, quelles sont les choses qui vous font vous sentir apathique, passif, voire inutile ou bien celles qui au contraire, servent votre sens du pouvoir et vous font vous sentir tout simplement bien?

L’ACCEPTATION:

Enfin, et j’aurais peut-être dû commencer par là : une fois que l’on accepte être plus ou moins impuissant face à ce qu’il se passe dehors, on peut arrêter de se battre contre des moulins à vent… et rapatrier son énergie. Là aussi, on a un choix très précis à faire qui est soit de passer nos journées à nous lamenter, nous en prendre virtuellement à ces forces extérieures qui nous refrènent, soit plutôt décider de dédier notre énergie mentale à de plus nobles causes (et éventuellement décider de s’engager contre ces forces à long terme). Car paradoxalement, c’est dans cet aveu d’impuissance face au monde dehors, dans cette forme de renoncement que l’on reprend le pouvoir. Trop penser que le monde nous contraint, c’est se déresponsabiliser et s’enliser dans un statut de victime qui est la première entrave à l’expression de notre “regain de puissance”*. Alors même si c’est un peu vrai et que la situation est ce qu’elle est, penchons-nous plutôt sur ce que nous pouvons en faire car si on ne peut pas contrôler ce qui survient dehors, on peut contrôler la façon dont on y répond

En conclusion, là aussi tout est question de mindset. À un moment charnière de l’histoire de l’humanité où le changement risque de devenir la seule constante, la situation nous offre clairement une opportunité de développer notre adaptabilité et de grandir… Bien sûr, c’est aussi un moment où il faut savoir faire preuve d’indulgence à notre égard en étant plus que jamais à l’écoute de nos besoins. Mais tout est une question d’équilibre, demandons-nous toujours où est ce que nous plaçons le curseur entre auto-compassion, auto-indulgence et totale complaisance, voire « oubli de soi »

Dans cet espace restreint et contraint, il ne tient qu’à nous de sortir des ornières en questionnant nos habitudes, nos automatismes pour ainsi redéfinir notre champ d’action et retrouver notre souveraineté

Car en vérité, notre pouvoir est infini et seulement contenu par la façon dont nous le percevons… 

* Ou empowerment, je n’ai toujours pas trouvé la formule qui me va bien en français…

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