Petit manuel de survie à la quarantaine (ou l’amour de soi au temps du Corona)- Suite et fin

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4/ Faites-vous du bien!

Puisque l’heure est à l’introspection, n’oublions pas qu’outre travailler sur soi, l’attention à soi, c’est aussi et surtout savoir se faire plaisir. Et le moins qu’on puisse dire, c’est qu’on ne l’a pas volé!

En coaching, on travaille également sur la notion de plaisir (ou besoin) qui correspond à toutes ces choses qui nous nourrissent, nécessaires à notre équilibre et à notre épanouissement. Savoir répondre à ses besoins, c’est donc nourrir ses plaisirs et faire le plein d’énergie pour développer son envie d’agir mais aussi être présent à soi-même et développer une bonne estime de soi.

Les plaisirs qui nous sont essentiels sont de quatre ordres :

On parle de physioplaisirs pour tout ce qui implique le corps et les sens, que ce soit l’expérience gustative, olfactive, charnelle mais aussi tout ce qui se rapporte à la kinesthésie, au mouvement. Ça peut donc aussi bien correspondre au plaisir que nous prenons à manger du chocolat qu’éprouvé en dansant dans notre salon ou en étreignant la personne que nous aimons.

Les socioplaisirs correspondent à la joie ressentie au travers de nos échanges humains, tout ce qui relève du relationnel, tel que jouer avec son enfant, parler avec ses parents, faire un apéro-skype avec des amis (À mi-chemin entre physioplaisir et socioplaisir si vous l’agrémentez d’un bon verre de vin…)

Les psychoplaisirs se rapportent à l’intellect, à tout ce qui stimule nos facultés cognitives, tout ce qui implique notre créativité, tout ce qui nourrit notre curiosité… Cela englobe aussi bien le fait d’écrire que de lire, jouer d’un instrument…

Enfin, les idéoplaisirs relèvent du développement personnel, de l’accomplissement de soi, de la spiritualité et correspondent à tout ce qui nous permet de donner du sens à la vie. Il s‘agit par exemple de la méditation, la philosophie, mais aussi de toutes les causes pour lesquelles nous nous engageons… (Lire un livre sur la pensée bouddhique est donc à la fois un psychoplaisir et un idéoplaisir).

Amusez-vous à faire la liste de vos plaisirs dans chaque catégorie. Quelle catégorie est souvent en souffrance dans votre mode de vie ? Quel plaisir ou besoin que vous nourrissez habituellement pâtit actuellement de cette situation de confinement et comment pouvez-vous y pallier, par quoi le remplacer ? Quelle type d’activités pouvez-vous mettre en place chaque jour pour nourrir tout vos besoins le temps que durera la quarantaine ?

Se faire plaisir, c’est se sentir vivant, exulter, développer un sentiment de bien-être et réduire notre niveau de stress. A l’inverse, si nos besoins ne sont pas comblés, nous avons tendance à mettre en place un système de compensation, c’est de là souvent que viennent les addictions.

Là aussi, soyez créatifs, outre le nombre infini de ressources en ligne ayant été mises à notre disposition, les activités créatives, physiques ou intellectuelles sont infinies. Est-ce que l’ennui ne serait pas une simple invention de notre esprit du fait que la situation soit subie et que nous n’ayons plus accès à ce que nous employons d’habitude pour nous distraire et nous détourner de ce qui compte vraiment? Est-ce qu’il ne s’agit pas tout simplement de ce moment où n’ayant plus d’échappatoire possible l’on se met face à soi-même pour faire venir l’inspiration ? Prenez ce temps, acceptez de vous ennuyer et voyez ce qui émerge. Peut-être que vous trouverez mille nouvelles façons de vous occuper : faire un vision-board, ranger les placards, trier vos photos, faire un montage, des albums, écrire un poème ou vos mémoires, repeindre une chambre, retaper un meuble, fabriquer un objet, faire de la poterie, faire du sport, du yoga, en famille, se coiffer, se déguiser, faire un spectacle, créer un grand jeu de rôle avec les enfants ou concevoir un quizz ou un jeu de société à animer lors de l’apéro skype du vendredi, jouer aux cartes, jouer en ligne, apprendre à jouer d’un instrument, faire un potager, suivre un cours en ligne, faire des playlists, apprendre une langue étrangère, fabriquer des produits cosmétiques maison, apprendre un texte, le déclamer, se filmer, le mettre en ligne, faire du collage, faire des fiches de lecture, faire la liste de ses livres/films favoris à échanger avec ses amis, revoir des classiques, bricoler, recoudre, tricoter, peindre, chanter, cuisiner, lire… Et qui sait, peut-être que vous ferez même émerger une future vocation. Peut-être que c’est ça aussi que nous offre ce confinement, un temps pour nous donner envie de faire le bilan et l’impulsion qu’il nous manquait pour prendre un nouveau départ

Et si, certains jours, rien ne vient, et si ce qui vous procure du plaisir, c’est de ne rien faire, buller sous la couette, vous empiffrer, prendre un bon bain chaud, c’est tout aussi acceptable… C’est le moment où jamais de “se laisser aller” un temps, de se dorloter.

Enfin, un dernier conseil, au cas où la situation devait encore durer longtemps : notez que souvent en situation d’enfermement, c’est notre rapport au temps qui est mis à l’épreuve et fragilise notre équilibre psychique. Quand tous les jours sont pareils, notre perception du temps est altérée. Or, bien que l’on puisse dire que le temps est aussi une construction mentale, l’être humain y est conditionné, habitué à se repérer dans l’existence grâce aux marqueurs de temps qui lui donne un rythme et des perspectives, d’où notre attachement à une certaine routine. Pour garder nos repères même en temps de quarantaine, il est donc important d’une part de respecter notre rythme habituel, soit en conservant nos habitudes, en nous levant, nous habillant, travaillant… quitte à nous permettre beaucoup de liberté, tout de même, profitons-en! Mais il est important également, de fragmenter le temps, en différenciant par exemple les activités que nous faisons durant la semaine et celles du week-end, voire profiter du week-end pour ne rien faire pleinement… Pour éviter que les jours passent et se ressemblent, vous donnant l’impression de revivre ce jour sans fin comme dans le film, faites-vous un agenda semaine par semaine, marquez-le de points repères. Planifiez une fête en ligne avec des amis ou organisez une soirée déguisée avec les enfants ! Là aussi,  amusez-vous…

Pour ma part, au fil des jours qui passent, j’en suis presque venue à l’aimer ce confinement, à commencer par ce mot si doux qui tient chaud comme quand l’on se tient auprès d’une cheminée qui trône au coeur d’un foyer. Je l’aime pour tout ce qu’il m’offre de faire sans calcul, sans aucun remords, libérée de la culpabilité de vouloir me couper du monde sans devoir compter les jours où je ne m’y suis pas frottée, libérée de l’obligation de devoir sociabiliser. Bien sûr, pour autant, le monde me manque de plus belle et il me tarde de le retrouver, émue par ce qu’il me donne à voir à travers les écrans qui nous séparent autant qu’ils nous relient: la résilience, la solidarité…

Mais je sais que tout vient à temps. Et comme, il y a un temps pour tout, après le temps pour soi, viendra le temps pour nous. D’ici, là, prenez soin de vous.

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