Petit manuel de survie à la quarantaine (ou l’amour de soi au temps du Corona)- 3

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3/ Soyez à l’écoute de vos émotions

Depuis le début de cette quarantaine, je tâche de prendre la vie du bon côté, comme de coutume, ayant bien ancrée en moi la certitude que toujours après la pluie, vient le beau temps… Mais il m’arrive parfois de sentir le spleen m’envahir, il m’arrive de sentir que mon corps ne répond pas tout à fait de la même façon, mon esprit non plus, légèrement embué, comme si une part de moi avait besoin de toute mon attention et voulait à tout moment être entendue et cajolée…

Pour sûr, nous allons nous sentir tout chose les jours à venir, fragilisés, vulnérables, émotifs… Il se peut que nos horloges biologiques soient perturbées, il ne serait pas surprenant d’avoir des troubles de l’appétit, du sommeil, d’avoir l’humeur changeante, de ressentir des signes de stress ou autres symptômes psychosomatiques que j’évoquais dans la précédente partie de cet article.

Si j’y souligne l’importance de vous distancer de vos pensées, c’est pour vous éviter d’être envahi par vos émotions au point d’avoir du mal à “fonctionner” mais si vous vous sentez pris dans un tourbillon émotionnel, il faut l’accepter. Plus que jamais, il convient d’être à l’écoute de nos états intérieurs, d’accueillir ces sentiments, de les admettre, les entendre, les comprendre… Décider de ne pas subir la situation ne veut pas dire en minimiser l’impact sur notre moral et nier la façon dont l’extérieur résonne à l’intérieur. Bien au contraire, il faut impérativement prendre ce temps pour se sonder avec bienveillance et sans jugement.

La peur nous vient de notre instinct de survie, c’est une réponse physiologique saine et vitale de notre organisme. Or, souvent le sentiment de peur que nous éprouvons et précisément dans cette situation de confinement ne survient pas du fait d’être exposé à un danger immédiat mais davantage en réaction à une souffrance anticipée par notre mental… En revenant à l’instant présent, en replongeant dans notre expérience immédiate, nous pouvons retrouver ce sentiment de sécurité qui est notre réalité du moment sans plus nous projeter dans le scénario du pire qui nous cause une souffrance fictive…

Le sentiment de tristesse provient en général d’un sentiment d’abandon, de frustration, de repli et répond à un besoin d’être réconforté. La colère quant à elle surgit en réaction à un sentiment d’attaque et à un besoin d’être respecté. Voyez quand et comment ces émotions surviennent et tâchez de les comprendre. A l’image de la planète qui se purge, ce temps s’inscrit pour nous comme une opportunité de nettoyage émotionnel, de guérison psychique. En réaction à cette immobilité forcée, attendez-vous à voir remonter à la surface toutes ces choses non résolues, ces émotions refoulées et autres non-dits et bombes à retardement cachés sous le tapis… Acceptez ce processus, lâchez-prise, laissez-le presque advenir à travers vous sans intervenir, sans résister. Il ne faut pas craindre nos émotions mais au contraire les vivre pleinement pour pouvoir ensuite s’en affranchir et cicatriser une bonne fois pour toute la blessure qu’elles visent à raviver.

Developper son intelligence émotionnelle, c’est savoir comment gérer ses émotions et savoir aussi composer avec celles des autres. Si par moments, vous vous sentez submergé, il y a un certain nombre de leviers qui permettent même dans cette situation de confinement d’atténuer le vertige causé par l’ascenseur émotionnel. L’exercice physique est un puissant libérateur d’endorphines, les hormones du bien-être qui peuvent contribuer à diminuer notre niveau de stress. J’ai évoqué la méditation et ses vertus précédemment comme un bon outil de distanciation avec le mental. Enfin, la créativité est ce processus magique qui tend à faire de nos émotions un matériau à sublimer, à transformer en “oeuvre d’art” dans la forme et le ton qu’il nous plaira… Evacuez donc cette frustration sur un tapis de yoga, déposez ce blues dans un poème, faites donc mijoter cette colère à feu doux en préparant un bon gâteau…

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Nos émotions en elles-mêmes sont toujours légitimes, seule notre façon de les vivre et/ou de les exprimer peut parfois “déborder”. Et elles le sont plus que jamais en ces temps tourmentés, elles ont quelque chose à nous dire, elles sont un précieux baromètre de notre météo intérieure en réaction au chaos tout autour. C’est acceptable de se laisser envahir un temps, de se recroqueviller, c’est OK par moments d’être triste, d’avoir peur, d’avoir mal. Prenez soin de vous comme d’un enfant à charge, faites vous une bulle dans la bulle où vous envelopper et où pouvoir vous laisser aller à ce qui doit être vécu. Pour pouvoir ensuite à votre rythme, reprendre le dessus...

À suivre.

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