Petit manuel de survie à la quarantaine (ou l’amour de soi au temps du Corona)

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2/ Prenez soin de vos pensées

Puisque la situation est subie et que nous ne pouvons rien y faire, la seule chose qui est entre nos mains et sur laquelle nous pouvons plus ou moins agir, c’est notre façon d’y réagir… Nos pensées façonnent notre réalité, elles la filtrent, elles la teintent. Certes, en ces instants troublés, la réalité est ce qu’elle est et il ne s’agit pas d’être dans le déni mais même en ces circonstances, nous avons le choix de nous laisser aller au spleen et à la panique ou bien alors, tenter de relativiser. Pour ceux d’entre nous qui sommes à l’abri chez nous, voir cette situation de confinement comme une opportunité nous aidera davantage à y faire face plutôt qu’en nous sentant punis. Tentons autant que faire se peut d’en sortir grandis.

L’autre soir, j’ai regardé les infos sur France 2 pour la première fois depuis fort longtemps et mal m’en a pris : quinze minutes passées dans les hôpitaux saturés à voir des malades, puis quinze minutes à écouter des gens mécontents affirmer que l’état n’assume pas ses responsabilités… Les médias reposent sur le sensationnel par principe, cultivant la terreur pour contribuer à l’abrutissement des masses, or en cette période, je pense que l’humanité a besoin de tout sauf que l’on verse de l’huile sur le feu en attisant la peur et la colère… La situation se suffit à elle-même et il va nous falloir au contraire plus que jamais garder les yeux bien ouverts. A l’heure qu’il est, je suis sûre qu’il n’y a pas un être humain sur la planète qui ne fasse de son mieux pour répondre à cette crise avec les moyens et les ressources qui sont les siens… Et en ce qui nous concerne, je ne suis pas certaine que ni voir le vrai visage de la maladie, ni se demander si la réponse des gouvernements est à la hauteur nous soient d’une grande aide dans la situation dans laquelle nous nous trouvons. Les bilans et règlements de compte suivront.

Outre l’immense sentiment d’admiration qu’ils nous inspirent, nous devons une fière chandelle à tout ceux pour qui la quarantaine n’est pas une option, ceux qui se démènent à l’extérieur pour tenter de minimiser le chaos… Notre tour de nous rendre utile viendra bien assez tôt mais puisque pour le moment, nous avons été exhortés à nous confiner, le mieux que l’on puisse faire jusque là, c’est de nous préserver pour pouvoir prendre la relève quand l’heure va sonner. Alors en attendant, nous avons aussi le droit et le devoir de détourner notre attention du chaos et de rapatrier notre énergie sur nous-même, en soignant nos pensées et en choisissant de nous concentrer sur notre expérience immédiate qui est encore une fois, quand on y pense, plutôt confortable

Voici une alternative à quelques pensées automatiques que nous pourrions voir surgir dans notre esprit dans les jours à venir :

« On va tous crever » : A priori, non, il y a peu de chances puisque selon l’OMS, le taux de mortalité causé  par le coronavirus est approximativement de 4%. Ca veut dire que dans 96% des cas, on en guérit, c’est plutôt rassurant… Ce chiffre déchirant du nombre de victimes qui ne cesse d’augmenter est à remettre en perspective proportionnellement au nombre vertigineux de malades dans le monde entier. Pour nous autres, suivre ces données n’est pas une nécessité… pour pouvoir plutôt se dire :  « Ça va passer, on va s’en sortir».

« C’est la fin du monde »: Non plus. La fin d’un monde peut-être, celui que l’on connaît, axé sur le profit… Dans les années 20, après la Ie guerre mondiale, le monde a fait face à la grippe espagnole et a connu après ça des années de rebond, caractérisées notamment par les années folles en France, précédant la crise de 1929… Rien n’est permanent, la vie est cyclique par essence et l’Histoire lui fait écho. Et si l’on se disait plutôt : « c’est le début d’une nouvelle ère. »

« Nous sommes en guerre » : Non plus. En général, quand c’est la guerre, on n’est pas confiné au chaud dans son salon, on est plutôt contraints de le fuir. Et puis, souvent, s’ajoutent pénuries et autres complications. Or, pour le moment, jusqu’ici, la situation est encore sous contrôle, on ne manque de rien ou presque… Et si l’on se concentrait plutôt sur notre expérience immédiate en se disant : « ici et maintenant, je ne manque de rien ».

« Je me sens en insécurité » : C’est un sentiment légitime au vu de la situation. Pourtant, là aussi, il faut tenter de faire la différence entre une réaction physiologique normale de notre cerveau reptilien en charge d’assurer notre sécurité et notre survie, et la réalité du moment. Quand vous vous sentez envahi par un sentiment de peur ou d’insécurité, revenez là aussi à l’instant présent, concentrez-vous sur votre expérience immédiate où rien ne peut vous arriver bien au chaud, dans votre salon. Plus que jamais à ce moment là, essayez de vous divertir, faites-vous du bien pour pouvoir plutôt vous dire « Ici, et maintenant, je suis à l’abri, tout va bien. »

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« Je sens que je suis malade » : Plus que légitime aussi dans la conjoncture actuelle, sachant comme souvent, l’homme somatise. Nous le faisons justement lorsqu’une souffrance psychique réprimée décide de s’exprimer par le corps. Compte tenu de la nature de cette crise, c’est plutôt normal ces jours-ci de ressentir toutes sortes de symptômes, voire verser dans l’hypocondrie. Là aussi, essayez de relativiser et de vous détendre. Si malgré cela, les symptômes persistent, faites le nécessaire. Mais en attendant, dites vous plutôt: « je suis en pleine forme » et faites une activité physique.

 

« C’est horrible d’être seul dans cette situation » : La situation n’est facile pour personne mais ce type de pensées que l’on va étiqueter sur notre expérience a le tort de nous infliger une double peine. Pensez à ceux qui ne sont pas bien chez eux, pensez à ceux qui vivent à l’étroit, trop nombreux… Et pourquoi pas plutôt vous dire : « je suis chanceux ».

 

« Qu’est ce que je donnerai pour un peu de solitude ». Idem qu’au-dessus. Dites-vous plutôt que vous avez peut-être la chance d’avoir le choix de pouvoir vous isoler, je vous le souhaite, tout en étant entouré. Penser à ceux qui sont dehors, exposés, sur le pont peut également faire relativiser… Là aussi, il convient plutôt de se dire : « je suis chanceux ».

Vous voyez qu’on a toujours la possibilité de nourrir des pensées aidantes, celles-ci correspondant à une certaine lecture, une interprétation du réel qu’on a toujours le pouvoir de modifier. Je ne dis pas que c’est chose simple, il y aura tout le temps où va durer cette quarantaine des jours avec et des jours sans mais en nous attelant à faire cet effort de porter attention à nos pensées, de les soigner, de les embellir, nous pouvons nous en distancier et ainsi garder le contrôle sur notre état émotionnel. Car il y a une relation circulaire étroite entre nos pensées et nos émotions, celles-ci émergeant en réaction à nos pensées et nos pensées étant ensuite alimentées par notre état émotionnel… jusqu’à ce que nous rompions la chaîne.

Pour vous y aider, je n’ai de cesse de vanter les mérites de la méditation qui vise justement à faire taire le mental en apprenant à regarder nos pensées nous traverser sans se les approprier. J’aime assez cette image : c’est comme si une poussière entre dans la pièce que représente notre esprit, sans nous interroger ainsi « saloperie de poussière, d’où viens-tu, que veux-tu », nous allons simplement la chasser d’un coup de balai… C’est un peu ça le principe de la méditation : apprendre à développer ce réflexe de chasser nos pensées d’un revers de main sans les juger pour progressivement nous en détacher et questionner cette voix intérieure qui donne à voir un point de vue pas toujours très objectif sur notre réalité…

Le monde de demain que la planète nous somme de repenser et de bâtir différemment aura besoin que nous soyons en maitrise de nos états intérieurs, plutôt que trop soumis aux réactions de nos égos et de nos affects… La voie qui mène à cet affranchissement est un beau voyage en soi.

À suivre.

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